Oumar Ball à l'IFM en 2014. Crédit: MLK/Mozaikrim
Oumar Ball à l'IFM en 2014. Crédit: MLK/Mozaikrim

On ne présente plus Oumar Ball : un regard multiforme, mais toujours poétique, sur le monde qui l'entoure; probablement l’artiste-peintre le plus accompli de sa génération, couplé à une humanité sans pareille. Il évoque pour Mozaikrim Zine, le processus de la création artistique, les étapes de son cheminement dans l’éther de l’imagination, jusqu’à son explosion sur une toile. Rencontre artistique.

Un caméléon de l'art : on peut se représenter Oumar Ball ainsi; ou comme un explorateur, qui épouse les formes et couleurs des pistes défrichées, entre le cubisme, la sculpture, la peinture aux formes humaines en filigranes. «L'’art est toute ma vie, donc ce qui fait que je passe tout mon temps à réfléchir et travailler sur de nouvelles formes d’expression, pour ne pas rester enfermé dans un carcan artistique, et atténuer la portée de mon regard» affirme tout sourire, les yeux brillants l'artiste-peintre.

Une curiosité naturelle, et une quête constante de la perfection artistique, qui en fait un éternel insatisfait, mais qui est son viatique, garant de son dynamisme dans l'inspiration:«Malgré tous ces chemins empruntés, je reste encore insatisfait du travail que je présente; cette obsession d'un graal artistique, je crois que c'est ce qui me fait constamment évoluer dans les formes de mon travail» explique Oumar Ball.

Une ouverture d'esprit dans l'approche, que note admiratif le photographe français Jean-Louis Chambon. «D’une grande curiosité, il se livre à de constantes recherches entre figuration et abstraction, entre la tradition africaine et ce qu’il entrevoit de l’art occidental. Son travail le mène dans de multiples directions, mais tout en cherchant sa voie, il reste sûr de son trait et de ses couleurs ». Ce qui en fait selon le photgraphe, l'artiste le plus « mûr » de sa génération en Mauritanie.

La peinture de la condition humaine, est au cœur de sa jeune œuvre, même quand il peint des animaux ! Comme le fait justement remarquer Sami Ben Abderahmane : «... Reste que ces animaux sont des urbains et pas des ruraux et partagent les rues de la ville avec nous, ils vivent dans la rue comme des enfants de la rue ou des clochards. Comme eux, ils dépensent du temps pour la recherche de nourriture et sont prisonniers de la nécessité contraignante, et comme eux, ils REGARDENT. Ce regard parait comme le titre de l’exposition et l’objet du premier tableau qui vous reçoit à l’entrée. Cette chèvre-là parle avec son regard et dit la souffrance et l’exclusion. Cette chèvre-là est la métaphore de la condition humaine ...»

Une inspiration qui l'entoure également. «Dans l'environnement familial et social où je vis, il y a une telle effervescence de la vie, que je ne peux qu'être inspiré! Parfois l'inspiration est telle, que je n'arrive pas à la décrypter, tellement c'est l'embouteillage dans ma tête en termes d'idées de peinture, ou de sculpture !» assure d'une voix tremblante le jeune homme originaire de Bababé dans le sud mauritanien. Il apprend de plus en plus à canaliser cette marée inspiratrice, «sinon je ne réaliserai rien: il faut du temps, de la patience, et de la concentration pour réaliser une oeuvre» dit-il simplement.

Une effervescence qui se retrouve dans l'actualité du sculpteur. Entre le dernier documentaire de la réalisatrice, et plasticienne, Françoise Dexmier, auquel il participe, intitulé « L'âme silencieuse – Fitaandu Fouta », et une série de sculptures sur le thème de L'Envol, qu'il espère finir d'ici la fin de cette année, et souhaiterait présenter à la biennale de L’art contemporain, à Dakar, en mai et juin 2016. Le film justement évoque l'inspiration et l'acte créateur qui en résulte. «Deux plasticiens s’isolent au cœur de l’Afrique, en Mauritanie, loin du chaos du monde. L’un peint (Oumar Ball-ndlr), l’autre filme (Françoise Dexmier-ndlr), un regard intérieur sur l’acte créateur» résume Oumar, en lisant la jaquette du documentaire à paraître.

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