Formes de jeunes au journalisme citoyen à l'ONG nationale Citoyens et Citoyennes Debout! Crédit : Mozaikrim/MLK

Formes de jeunes au journalisme citoyen à l'ONG nationale Citoyens et Citoyennes Debout! Crédit : Mozaikrim/MLK

Plus un mauritanien sensé ne peut croire en la politique, dans son état de vide absolu actuel. Mais ces dernières années, l'espoir est ailleurs : ONG nationales, initiatives de jeunes dans les quartiers, mobilisations de localités à l'intérieur, le volontariat qui se développe, sont autant de signes que certains mauritaniens ont décidé de s'affranchir de la tutelle de l'état, duquel ils n'attendent plus rien, et veulent impulser d'eux-mêmes un changement dans le pays.

 

Il y a ceux qui font de l'action citoyenne leur publicité personnelle, majoritaires en Mauritanie, comme dans tous les secteurs du pays essentiellement emplis d'opportunistes médiocres. Et puis il y a celles et ceux dont on ne parle pas assez, qui font un travail herculéen, sans relâche, dans l'ombre, avec la conviction, que la petite brique qu'ils arriveront à ériger, s'incrustera dans l'édifice du projet mauritanien qu'ils rêvent.

 

Mohamed El Hor et Moukhazoum Mint Ahmed. Crédit : Mozaikrim/MLK

Mohamed El Hor et Moukhazoum Mint Ahmed. Crédit : Mozaikrim/MLK

A Al Khawa-2, dans le département de M’Bout au Gorgol, Mohamed El Hor et Moukhazoum Mint Ahmed expliquaient à Mozaikrim, comment leur communauté Haratine et celles peules alentours, vivaient dans une paix et une vraie solidarité, une réelle unité qui n'est pas qu'un slogan politique de circonstance, à travers ce lien fort qui les unit : la terre. Une vraie unité vécue et revivifiée continuellement par les mêmes efforts qui servent à désherber leurs terres communes, à l'ensemencer ou l'arroser. «... Nos concitoyens harratines en particulier, voient que l’indépendance est possible, sans passer par les autorités, juste en se réunissant entre citoyens de bonne volonté» assure avec force Mohamd El Hor, insistant sur l’amélioration sensible de l’état nutritionnel de leurs populations depuis que les communautés de la zone se sont unis.

D'autres oeuvrent dans d'autres domaines, comme l'ONG nationale Citoyens et Citoyennes Debout ! (CCD), qui s'active à infuser en son sein des jeunes citoyens intellectuellement autonomes et indépendants, assez pour aiguiser et partager leurs regards de témoins d'éventuelles injustices. Des journalistes citoyens mauritaniens de demain. Son secrétaire général, Abdoulaye Sarr, plaide pour une "nouvelle génération de citoyens" qui va au-delà du communautarisme, du tribalisme. "Nous ne rêvons pas" expliquait-il durant un atelier de formation : "Les jeunes sont dynamiques et veulent s'engager, notamment dans les quartiers périphériques de Nouakchott, où ils ont des choses à dire, mais n'ont pas forcément la méthodologie et les moyens techniques de le faire" argue-t-il.

Ely Cheikh Ould Hanena (centre) avec des pratiquants de kickboxing confirmés et néophytes. Crédit : DR

Ely Cheikh Ould Hanena (centre) avec des pratiquants de kickboxing confirmés et néophytes. Crédit : DR

Dans le domaine du sport, Ely Cheikh Ould Hanena, kickboxer de son état, met un point d'honneur à ce que ses élèves soient surtout bons à l'école. "Ils ne peuvent accéder aux cours, tant qu'ils ne font pas preuve, à travers leurs bulletins d'école, d'une assuidité exemplaire en classe, et de bonnes notes. C'est une condition sine qua non pour pratiquer dans cette salle. Même si ce n'est pas le cas pour la plupart d'entre nous, les générations qui viennent doivent être meilleures que nous, en tous points. A mon niveau, c'est ce que je peux faire, pour les jeunes qui viennent s'entraîner ici, et sur lesquels j'ai une certaine influence : faire en sorte qu'ils aient un bon esprit dans un esprit sain" explique-t-il longuement, entre deux échauffements.

 

Société mauritanienne : Des micro-mouvements de fond, annonciateur d'un réveil citoyen ?

Mamadou Ba, infirmier-chef de poste à Droughal, dans le Hodh El Charghi oeuvre bien au-delà de ses prérogatives pour la communauté, qui le sait acquis à elle. "Je m'évertue à être présent pour ces braves gens, aux coeurs énormes, et à ce que mon fils et les enfants de Droughal grandissent en parlant au moins deux ou trois langues nationales. C’est l’idée que j’ai du mauritanien de demain : polyglotte de ses propres cultures qu’il aura assimilé" expliquait-il dans le portrait que Mozaikrim en faisait.

Lancée il y a plus de deux ans, l'incubateur Hadina Rimtic, crée une structure apte à aider les jeunes talents de la technologie informatique mauritanienne à faire éclore leurs projets d'applications notamment. "On tenait vraiment à montrer qu'avec de la volonté et du talent, et un soupçon d'aide, de chance donnée, on pouvait mettre en branle les ressources humaines en technologie de ce pays, et générer éventuellement à l'avenir de potentielles start-up et de nouvelles technologies" expliquait Mariam Kane, co-fondatrice de Hadina Rimtic, il y a un an et demi lors de la finale de la 2ème édition de MauriApp Challenge.

Le point commun de toutes ces initiatives ? La solidarité, et le dépassement de la considération de sa personne, de son clan familial ou de sa tribu. Un (petit) creuset duquel, pourrait raisonnablement se mouler le citoyen mauritanien de demain, que l'on regardera du fait de ses seules qualités propres, morales ou intellectuelles, et non pas par son sang ou ses origines.

Khadjetou Abed, gagnante de la finale MauriApp Challenge en février 2015, pour son application Diabapp. Crédit : Mozaikrim/MLK

Khadjetou Abed, gagnante de la finale MauriApp Challenge en février 2015, pour son application Diabapp. Crédit : Mozaikrim/MLK

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